Pour citer cet article :
Voulgre, Emmanuelle, (2012). Organiser et partager en ligne les ressources : une question d’indexation. Adjectif.net Mis en ligne vendredi 23 novembre 2012 [En ligne] http://www.adjectif.net/spip/spip.php?article196
Résumé :
Cet article vise la présentation d’outils de partage de références procédant par le choix de thèmes ou la sélection d’étiquettes permettant de caractériser le contenu d’une ressource en ligne. Le partage de ces éléments permet un repérage, voire une indexation des contenus du web et renvoie à la création de folksonomies, notion présentée et analysée au sein de la contribution.
Mots clés :
Classification, Folksonomies, Indexation, Partage, Recherche documentaire, Ressources numériques.
Rechercher, retrouver, partager les ressources numériques, répond de méthodologies diverses, voire de stratégies. Pour des acteurs déjà engagés dans une utilisation des technologies de l’information et de la communication, de nombreuses compétences semblent pouvoir être développées avec l’expérimentation par soi, d’environnements personnels appelés parfois EPA (Environnement Personnel d’Apprentissage) (Gillet, 2010). Les extraits d’entretiens livrés dans la thèse de Michèle Drechsler (2009) en témoignent. Notons par exemple que les acteurs développent une lecture documentaire critique, des capacités de réflexions sur les contenus, des dispositions à inventorier et à organiser des indexations par mots clés (ou étiquettes, en anglais tag). La mémorisation est aussi sollicitée à des fins d’usages du corpus (Voulgre, 2011).
La classification par mot-clé est une forme d’indexation collective arrivée avec le Web 2.0 [1] sur le site Delicious en 2003, puis Flikr en 2004, Youtube et Dailymotion en 2005 par exemple. Diigo se situe dans cette lignée. Les sites permettent de référencer les signets et les tags enregistrés par une communauté ouverte d’acteurs ne provenant pas spécifiquement des professions de documentalistes, ni de l’édition, ni même du domaine de l’éducation : l’avantage serait la création d’étiquettes de ressources à partir du sens du site ou de la ressource numérique par un acteur permettant la création de listes.
Ce classement personnel est aussi appelée folksonomie venant de folk désignant le peuple et taxonomie désignant la science qui décrit : « les annuaires web, les thesaurus ou les projets de web sémantique semblent se heurter à de nombreuses difficultés que le modèle des folksonomies semble, en partie, être en mesure de surmonter. » (Crepel, 2008, p.174)
Le tag rend la ressource visible et donc plus ou moins populaire. La classification n’est pas principalement documentaire mais informationnelle, symbolique. C’est l’activité autour de la ressource qui lui donne sa légitimité : « La structure des folksonomies peut être considérée comme une classification horizontale, distribuée sur la masse des utilisateurs » (Crepel, 2008, p.180)
Ainsi, il serait question de liberté de l’internaute. Le rangement vient de la relation de l’internaute avec son propre environnement culturel et social, avec son histoire : « Folksonomy [2] is the result of personal free tagging of information and objects (anything with a URL) for one’s own retri [e] val. The tagging is done in a social environment (shared and open to others) » (Vander Wal, 2005) [3]
Enfin, les folksonomies sont des « pratiques consistant à indexer soi-même un contenu. Le nuage de ‘tags’est donc le résultat visible de l’amoncellement de mots issus de centaines voire de milliers d’internautes. » (Arnaud, 2010, p. 56)
Pour bien comprendre l’interface d’indexation d’un espace de classement comme Diigo, nous avons saisi une barre d’outils. Cette barre facilite a priori le travail de celui qui souhaite indexer une ressource numérique.
Lorsqu’un internaute consulte une ressource numérique qu’il souhaite archiver et étiqueter, il a la possibilité d’utiliser des outils de partage. Une barre d’outils peut être installée dans l’interface du navigateur choisi. Ainsi la copie d’écran ci-dessous montre la présence d’un « Diigolet » dans la barre des signets du navigateur. Un clic sur ce signet permet d’ouvrir une liste d’outils disponibles que les flèches désignent.
En l’occurrence, l’internaute peut choisir de cliquer sur « Bookmark » qui permet d’accéder à l’interface présentée sur la copie d’écran suivante.
Une fois l’interface d’indexation installée [4] par l’internaute, plusieurs champs sont à renseigner. Certains sont pré-remplis comme l’url, le titre. D’autres sont suggérés comme les tags. Libre à l’internaute de compléter la description de la ressource, de la classer dans une liste, de l’attribuer à un groupe, de la rendre publique ou privée.
Cette forme d’indexation concerne donc le web public et web privé. Elle concerne aussi le web personnel qui est l’ensemble des données sur un bureau virtuel permettant d’accéder à des signets personnels, des références personnelles, des indexations personnelles. Cette indexation touche aussi au « web intime » dans la mesure où il est possible d’apporter des commentaires personnels et intimes par messagerie. Enfin, cela concerne le web extime [5], qui correspond à l’exposition publique, comme sur des blogs par exemple, d’une part de soi. (Salaün, 2007) [6].
Si « l’objectif de la documentarisation est d’optimiser l’usage du document en permettant un meilleur accès à son contenu et une meilleure mise en contexte », il est aussi possible de redocumentariser un document. Il s’agit alors de documentariser à nouveau un document. Ces actions tiennent compte de l’interprétation sémiologique du contenu par l’acteur en fonction de ses usages. Il est question aussi d’organisation pour soi ou de mise à disposition pour autrui (Zacklad, 2007).
Nous citons ici trois exemples de groupes Diigo. La thématique est fédératrice d’intérêts entre plusieurs internautes.
S’abonner à un groupe de la communauté Diigo permet de recevoir par messagerie les ressources classées par l’ensemble des membres de ce groupe.
Si ces dispositifs d’indexation sociale peuvent être utilisés pour guider les internautes dans la classification et le ré-usage des ressources repérées, l’usage régulier voire fréquent demande une grande rigueur, des choix stratégiques de classement et du temps nécessaires pour compléter les formulaires proposés. Nous faisons l’hypothèse que si l’acteur indexe les ressources à long terme, c’est qu’il y trouve un intérêt soutenu pas seulement par sa perception d’un accès simple et rapide à la barre d’outil qui allège sa tâche. Nous faisons l’hypothèse que cet intérêt est soutenu par l’utilisation croisée d’applications comme celles d’agrégateurs de contenus et de flux RSS, par exemple netvibes et de messageries de type Twitter ainsi que par la réutilisation de ces ressources dans le cadre d’un enseignement.
ARNAUD M., (2010). « Un enjeu de société », in revue Documentaliste-Sciences de l’Information 1/2010 (Volume 47), Barbe L., al., Un enjeu de société, pp56-67, [en ligne] http://www.cairn.info/resume.php? ID_ARTICLE = DOCSI_471_0056 consulté le 22 juillet 2011.
CREPEL M., (2008). « Les folksonomies comme support émergent de navigation sociale et de structuration de l’information sur le web », in revue Réseaux 6/2008 (n° 152), p169-204, [en ligne] http://www.cairn.info/revue-reseaux-2008-6-p-169.htm consulté le 13 juillet 2010.
DRECHSLER M., (2009). Les pratiques du socialbookmarking dans le domaine de l’éducation, affordances sémantiques, socio-cognitives et formatives, Thèse de doctorat, Volume 1, 372p, [en ligne] ftp://ftp.scd.univ-metz.fr/pub/Theses/2009/Drechsler.Michele.LMZ0914_1.pdf
ERTZSCHEID O., (2010). « Culture documentaire et folksonomie : l’indexation à l’ère industrielle et collaborative » in revue Documentaliste-Sciences de l’Information, pp45-47 in Deuff (Le) O., al., « Une évolution des comportements », in revue Documentaliste-Sciences de l’Information, 1/2010 (Vol. 47), pp42-55, [en ligne] www.cairn.info/revue-documentaliste-sciences-de-l-information-2010-1-page-42.htm.
GILLET D., (2010). « Environnements personnels d’apprentissage : les apprenants aux commandes », in Charlier B., Henri F., dir., Apprendre avec les technologies Presse Universitaire de France, Paris, 15x21.5, 204p, pp193-201, chapitre 15, ISBN : 978-2-13-057530-6.
SALAÜN J-M, (2007). Éclairages sur la redocumentarisation, in Bloc-notes de Jean-Michel Salaün, [en ligne] http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2007/05/05/252-eclairages-sur-la-redocumentarisation
VANDER WAL T., (2005). Folksonomy, Definition and Wikipedia. Site vanderwal.net article du 2 novembre 2005, [en ligne] http://www.vanderwal.net/random/entrysel.php?blog=1750 consulté le 26 mai 2010.
ZACKLAD M., (2007). « Communautés virtuelles documédiatisées et gestion des connaissances » in Séminaire KM Anvie 2007, PDF, 44p, [en ligne] http://zacklad.org/articles_gestion_connaissances/Communautes%20docum%C3%A9diatisee%20et%20KM.pdf
[1] Les trois âges documentaires selon Ertzscheid O. et Gallezot G., 2006 : Web 0 : ce qui est publié (navigateurs), Web 1.0 : ce qui est accédé (moteurs) ou indexé pour être accédé. Ceux qui indexent (bots) n’étant pas ceux qui accèdent (users), Web 2.0 : ce qui est indexé pour être accédé pour/par/dans une communauté d’usagers-indexeurs. affordance.typepad.com/mon_weblog/files/sdndoc.ppt consulté le 01 juillet 2010.
[2] Traduction : La folksonomie est le résultat d’étiquetage libre et personnel des informations et des objets (quoi que ce soit avec une URL) pour ses propres recherches. Le marquage est effectué dans un environnement social (partagé et ouvert aux autres). L’acte de marquage est effectué par la personne consommant de l’information. La valeur de ce marquage externe est tiré par des personnes utilisant leur propre vocabulaire et l’ajout de sens explicite, qui peut provenir de compréhensions présumées de l’information aussi bien que de l’objet.
[3] Site http://www.vanderwal.net/random/entrysel.php?blog=1750 consulté le 26 mai 2010.
[4] Cette barre d’outils n’est pas disponible automatiquement dans tous les navigateurs, il faut que l’internaute procède à quelques manipulations techniques d’installations, de redémarrage du navigateur. Quelques tutoriels sont disponibles en français, mais un certain nombre sont en anglais.
[5] Par opposition à « intime ».
[6] Site http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2007/05/05/252-eclairages-sur-la-redocumentarisation consulté le 28 juin 2010.