Adjectif : analyses et recherches sur les TICE

Revue d'interface entre recherches et pratiques en éducation et formation 

Barre oblique

Développement des NTIC en Afrique subsaharienne : quelles priorités ?

jeudi 10 avril 2014.

Mots-clés


par Marion Lebas

Dans le contexte actuel de mondialisation, les pays d’Afrique subsaharienne semblent considérer les NTIC dans tous les secteurs de la vie courante comme un moyen de positionnement et de développement socio-économique.

Au Sénégal, dans le cadre du projet « Internet à l’école », le maire de Dakar a récemment réaffirmé son souhait de voir « d’ici la fin de l’année tous les élèves [des écoles primaires de la capitale] dotés de tablettes et de wifi dans leurs écoles pour mettre l’école de Dakar au niveau de l’enseignement mondial, en dotant chaque école d’une classe numérique » (APS, 2014, page web).

L’introduction de ces nouvelles technologies à l’école a fait l’objet d’une étude menée par Yaba Tamboura dans les pays africains francophones. L’auteur a ainsi pu « montrer la représentation positive des enseignants vis-à-vis de l’introduction des TIC dans l’enseignement […] malgré le fait que les TIC ne sont pas dans les programmes scolaires officiels » (Tamboura Yaba, 2011, p 70). Cette étude a par ailleurs mis en évidence les facteurs handicapants à l’utilisation effective de l’outil informatique, tels que le « coût prohibitif des ordinateurs, […] les effectifs pléthoriques des classes, l’insuffisance d’ordinateurs et des ressources humaines qualifiées » (Tamboura Yaba, 2011, p 70).

Cela rejoint ce qu’exprimait déjà Christian Agbobli en 2002 lorsqu’il écrivait : « Internet a un coût et celui-ci n’est pas moindre. En effet, l’accès à Internet requiert l’acquisition d’un nombre requis de matériels et d’équipement. Ainsi, il faudrait disposer de l’électricité. Malheureusement, force est de constater que toutes les régions n’en ont pas. Dans certaines capitales africaines, des coupures de courant se produisent régulièrement » (Agbobli Christian, 2002, p 11).

Aujourd’hui encore cette observation reste d’actualité, et on pourrait ajouter le fait que les États ont, de plus, souvent du mal à assurer le salaire régulier des enseignants (Ogoué infos, 2014, page web / Afriquinfos, 2014, page web).

Par ailleurs, comme l’écrivait à l’époque Hélène Dufau-Rossi, « dans des pays où une grande majorité de la population est rurale et ne maîtrise pas les grandes langues occidentales, vecteurs principaux des contenus portés par les NTIC, la question des langues africaines ne sera toujours pas résolue […] Or on n’oubliera pas que les NTIC supposent, d’une façon ou d’une autre, une bonne maîtrise de la lecture, pour ne pas dire de l’anglais ou du français. Et la francophonie, par exemple, n’est pas, quoi que l’on dise, une réalité généralisée ; seuls quelques pourcents de la population maîtrisent vraiment le français, ce qui contribue à la problématique de l’extraversion culturelle. En outre, on connaît l’importance, pour accéder au savoir, de l’usage des langues maternelles. Le dilemme reste entier. » (Dufau-Rossi Hélène, 1998, p 7-8).

Si donc les NTIC tendent à être introduites de plus en plus dans le système éducatif de l’Afrique subsaharienne aux fins d’en améliorer légitimement le cadre d’apprentissage, l’efficacité de leurs utilisations semble rester subordonnée à la résolution de certaines questions comme la précarité des conditions de travail des enseignants et des élèves, source de grèves longues et répétées, le manque de fiabilité du réseau électrique, ainsi que la réduction du taux d’analphabétisme qui atteint souvent 50% des populations.

Références scientifiques

Tamboura Yaba (2011), « Attitudes des enseignants du secondaire face à l’intégration des TIC dans les pratiques de classe : état des lieux des écoles concernées par l’Agenda Panafricain en Afrique francophone », frantice.net, Numéro 2 décembre 2010, 9 pages, format PDF ISSN 2110-5324, [en ligne] , consulté le 01-04-2014

Références associées

Dufau-Rossi Hélène (1998), « Les NTIC et l’Afrique : communication et utopie », Communication et organisation, mis en ligne le 26 mars 2012, Pages 7-8, PDF 11 pages, [en ligne] , consulté le 01-04-2014

Agbobli Christian (2002), « Je surfe donc je sais : quelles formes de développement de l’éducation avec les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication en Afrique ? » Page 11, PDF 16 pages, [en ligne] , consulté le 01-04-2014

APS (2014), « Les écoliers de Dakar seront dotés de tablettes pédagogiques et d’accès à Internet », page web, [en ligne] , consulté le 01-04-2014

Ogooué infos, le Gabon au quotidien (2014), « Les étudiants de l’Université Omar Bongo en colère, page web, [en ligne] , consulté le 01-04-2014

Afriquinfos, Abidjan (Xinhua), (2014), Côte d’Ivoire : Menace de grève "illimitée" dans l’enseignement catholique, page web, [en ligne] , consulté le 01-04-2014


 

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