Adjectif : analyses et recherches sur les TICE

Revue d'interface entre recherches et pratiques en éducation et formation 

Barre oblique

A propos des SMS, d’écriture et de pratiques de classe

jeudi 17 juillet 2014.


En mai dernier, le portail national des professionnels de l’éducation Eduscol diffusait les résultats d’une étude dirigée par Josie Bernicot, professeure à l’université de Poitiers, pour le Centre Henri Aigueperse (rattaché au syndicat UNSA), portant sur les pratiques d’adolescents francophones avec les SMS [1].

Il nous a intéressé de relever, dans cette étude, la mise en évidence du bouleversement dans les pratiques écrites traditionnelles apportées par le SMS et la CMO (Communication Médiée par Ordinateur) en général :

Cet usage de l’écrit correspond à une véritable rupture dans la mesure où les relations épistolaires entre personnes ont été réservées jusqu’à la moitié de 19ème siècle à une élite aristocratique ou lettrée [...]. A partir de 1950, la communication orale par téléphone est devenue le mode dominant pour les communications interpersonnelles pour être remplacée (ou concurrencée) depuis le début des années 2000 par le SMS.  [2]

Les visées de la recherche sont de mesurer le degré de corrélation entre utilisation des SMS et niveau en orthographe de manière à discuter la "peur" des enseignants vis-à-vis des SMS (rapport final, p.47). Un des résultats montre effectivement qu’il n’y a pas "de lien négatif de [la pratique du SMS] avec la maîtrise de l’écrit traditionnel" (rapport final, p.48). Via le portail Eduscol et ces liens vers l’étude, on perçoit donc une incitation visant à faire utiliser les SMS en classe, à des fins de maîtrise de différents registres de communication.

Une publication récente de l’UNESCO portant sur l’apprentissage mobile [3], apporte un éclairage complémentaire et invite à considérer des tensions autres que celles propres au rapport des enseignants à la téléphonie mobile, dépendant de la gestion par d’autres acteurs (gouvernements, chefs d’établissements, etc.) de l’ouverture aux apprentissages mobiles.

Cette publication montre en particulier que l’apprentissage mobile souffre d’une mauvaise réputation (" leur contenu souvent superficiel ont incité à les associer aux loisirs plus qu’à l’éducation", p.8), que "de nombreux établissements et gouvernements ont interdit ou fortement limité l’utilisation du portable en milieu scolaire" (p.9), principalement du fait de "la difficulté d’en contrôler l’usage" (p.11).

Ainsi, s’il n’est pas mis en oeuvre de politique favorable aux apprentissages mobiles, les enseignants désireux d’ouvrir leurs enseignements à d’autres registres de communication écrite risquent de se trouver en rupture avec les représentations circulantes et, dès lors, dans une position assez inconfortable qui ne saurait les engager à développer des pratiques de classes incluant les SMS, par exemple.

Il conviendrait alors d’accompagner les enseignants, en les considérant non pas comme les "seuls maîtres à bord", mais plutôt tels qu’ils sont inscrits au sein du système éducatif, devant lui-même faire évoluer ses cadres, afin que les pratiques des maîtres s’accordent aux besoins contemporains d’éducation.

Références citées :

[1Eduscol (Éd.). (2014). Les pratiques des SMS des élèves. Consulté le 17/07/14, à l’adresse : http://eduscol.education.fr/numerique/actualites/veille-education-numerique/mai-2014/les-pratiques-des-sms-des-eleves

[2extrait du rapport final, p. 55

[3UNESCO (Éd.). (2012) : mettre en marche l’apprentissage mobile, http://unesdoc.unesco.org/images/0021/002164/216451f.pdf


 

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