Par Fleur-Estelle Froment
En descendant au niveau -1 du bâtiment principal de la cité des Sciences et de l’industrie (porte de la Villette) ; vous trouverez entre la bibliothèque Est et la bibliothèque Ouest, le carrefour Numérique. Il s’agit d’une communauté d’échange, ouverte à tous. Elle se décompose en deux parties, le « FabLab » et le « LivingLab ».
La porte de droite donne sur le « FabLab »- [1], soit le laboratoire de fabrication. Nul besoin de présenter des références particulières pour s’inscrire, chacun est invité à entrer et à utiliser gratuitement le matériel mis à disposition [2]. Outre le parc machine, le laboratoire de fabrication permet aux usagers de bénéficier d’aide et de conseil en privilégiant l’apprentissage entre pairs. Le blog et le wiki du laboratoire favorisent également les échanges entre les membres de la communauté tout en pérennisant leurs expériences.
Les deux portes de gauche donnent sur le « LivingLab » [3], c’est-à-dire un espace d’innovation où chacun est invité à donner son avis sur un projet en cours d’élaboration. Moins centré sur l’aspect « bricolage », cet espace est dédié aux personnes souhaitant, à titre professionnel ou non, développer un logiciel ou un programme informatique.
Actuellement, ce sont les jeux vidéo, les « jeux sérieux » [4] et des projets utilisant la technologie à des fins éducatives qui sont mis à l’honneur. L’idée première de cet espace est de créer une réflexion le plus en amont possible sur un projet numérique. Des testeurs de tous âges sont conviés à expérimenter et à critiquer le projet en question, sur tous les aspects pertinents possibles (public concerné, pertinence, risques ou bénéfice sanitaire et cognitif, esthétisme…). Cela implique que tout étudiant ou chercheur soit à même d’analyser les interactions autour du sujet de l’expérience, afin de réagir et d’enrichir les échanges.
Cette forme de travail collaboratif relève de la vision quelque peu utopique de Thierry Jeantet sur une économie alternative et solidaire [5]. Mais au-delà de cet idéal de partage des connaissances, il est légitime de se questionner sur l’avenir : en effet, avec l’avènement de la société de la connaissance, l’aspect économique des données immatérielles telles que l’information ou le savoir semble systématisé. Devons-nous envisager des conflits à venir au sujet des droits de commercialisations des produits issus d’un « Fab » ou « Living Lab » ?
[1] Pour être accrédité en tant que tel, l’atelier doit respecter la charte des Fab Lab mis en place par le MIT à la fin des années 90 : http://fab.cba.mit.edu/about/charter/
[2] seul l’accès à la découpeuse laser et à l’imprimante vinyle fait l’objet d’une cotisation
[3] Les Livinglab font partie d’un programme Européen datant de 2006 labélisant les centres de recherches liés aux TIC en Europe : http://www.relai.org/
[4] De l’anglais serious game (cf. Office Québecois de le langue française : http://www.gdt.oqlf.gouv.qc.ca/resultat.aspx?terme=jeu+s%C3%A9rieux