Par Tristan Frémy
Les trois références que nous présentons ici abordent la question du travail collaboratif et des outils qui peuvent être utilisés.
Le premier document est un discours politique émanant de la Caisse des Dépôts qui, dans le cadre d’un partenariat avec le Ministère de l’Éducation Nationale, a publié un guide intitulé Développer les usages numériques à l’école (2014). À destination des élus des collectivités locales, ce guide présente notamment les différents modes de financement des besoins territoriaux pour mettre à disposition des établissements scolaires des équipements, le câblage des bâtiments, le raccordement des réseaux internes des établissements à ceux externes de très haut débits (p. 2).
Pour appuyer ce discours, le guide rappelle que ces infrastructures permettraient d’offrir à l’enseignant de « nouveaux leviers d’enrichissement et de diversification de ses pratiques professionnelles : ressources multimédias pour préparer les cours, outils numériques favorisant l’exercice d’une pédagogie active, individualisée et collaborative, mise en réseau et mutualisation des ressources entre enseignants et entre enseignants et élèves » (p. 3). Des pratiques de mutualisation et de collaboration sont ainsi plébiscitées. Selon les auteurs, ces pratiques sont renforcées par « l’existence d’outils fédérateurs tels que l’espace numérique de travail (ENT), accessible 24h sur 24 à l’intérieur comme à l’extérieur de l’école, [qui] redimensionne le temps et l’espace scolaire » (p. 3). Les ENT seraient aussi utilisés comme « outil d’enregistrement et de diffusion des cours et des travaux réalisés par la classe » (p. 3). En dehors des dispositifs du type ENT, une diversité d’outils existe et permettrait d’envisager le stockage de documents, le partage et le travail collaboratif.
Dans le deuxième document (Malingre et Serres, 2014), après avoir distingué les notions de travail collaboratif, coopératif ou bien encore d’intelligence collective, les auteurs présentent au moyen d’un diaporama, un ensemble de moyens de stockage et de partage de fichiers visant l’amélioration de la collaboration. À titre d’exemple, la diapositive 20 présente une diversité d’outils utilisés à des fins de communication. Forums, e-mail, messageries instantanées et micro-blogs sont autant de moyens synchrones comme asynchrones, de faciliter la communication écrite. À cela, les auteurs rajoutent les outils de visioconférence qui permettent d’étendre la communication audiovisuelle. La diapositive 21 expose quant à elle des outils centrés sur le réseautage social. Qu’il s’agisse de logiciels de traitement de texte en ligne ou encore de sites de partage de vidéos ou de photos, les auteurs présentent un ensemble varié d’outils asynchrones permettant de partager des documents ainsi que des fichiers.
Malgré la volonté politique de mettre en place des dispositifs et le panel d’applications sur le marché, le développement des usages collaboratifs apparaît complexe.
Dans l’article intitulé « Un regard de la ’’distance’’ vue de la ’’présence’’ » (2011), Daniel Peraya écrit que si « l’environnement technopédagogique [mis en place par l’institution] constitue réellement un espace de travail commun aux activités présentielles et à distance » (p. 446), dans les formations à distance, afin de travailler « seul ou en groupe, tout en restant dans un espace académique » (p. 447), les étudiants semblent délaisser de plus en plus les espaces institutionnels dédiés. Pour l’auteur, cet abandon « s’effectue au profit de dispositifs « collaboratifs » ouverts, aisément personnalisables, faciles à utiliser (Google Docs, Google Wave, flux RSS, etc.) qui constituent pour les étudiants la base de leurs environnements personnels » (Peraya 2011, p. 448).
Cette évolution des pratiques met en concurrence des dispositifs institutionnels et privés permettant de stocker et partager des fichiers, notamment dans le cadre de projets collaboratifs. Elle questionne la manière dont sont envisagées, d’un point de vue institutionnel et politique, la place et l’autonomie de l’apprenant dans la conception de dispositifs qui lui sont destinés.