Adjectif : analyses et recherches sur les TICE

Revue d'interface entre recherches et pratiques en éducation et formation 

Barre oblique

Prospective 2040 INRA et Agreenium : 4 scénarios

mercredi 13 novembre 2019.


L’Inra et Agreenium ont présenté en 2019 une prospective relative aux transitions possibles dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), en se focalisant sur l’agriculture, l’environnement, l’alimentation et la santé animale. Quatre scénarios ont été élaborés pour l’horizon 2040.

Scénario 1 : « L’ESR aux pieds des géants du numérique ».

La globalisation est prédominante et l’ESR utilise majoritairement les outils, ressources et données des GAFAM s’inscrivant dans leur modèle économique. La recherche et l’enseignement privés sont alors les plus développés et valorisés, avec une « ubérisation » des chercheurs et enseignants, majoritairement transformés en auto-entrepreneurs et évalués par une cotation de notoriété reposant sur des intelligences artificielles.

L’activité des institutions de recherche publique consiste essentiellement à gérer la réputation des chercheurs. L’innovation est majoritairement le fait de start-up ayant l’objectif de se faire absorber par les géants du numérique. La création de connaissances est fortement liée à la création de valeur pour les GAFAM, avec des logiques dominantes de marketing et de production de services marchands pour les consommateurs et peu de prise en compte de préoccupations citoyennes. Ce système est générateur de fortes inégalités sociales dans l’accès à l’enseignement, ainsi que d’une relative déshumanisation des relations. Seuls les champs thématiques au-delà des intérêts marchands et du court terme, moins valorisés par les GAFAM, restent dans le giron de l’ESR public.

Scénario 2 : « L’ESR et le numérique pour la préservation de la planète ».

L’urgence environnementale favorise une forte gouvernance européenne accompagnée de moyens et infrastructures publics indépendants. Elle s’accompagne d’une plus grande prise en compte des dimensions sociales, des biens communs et du temps long qu’exige l’élaboration de certaines connaissances avant d’avoir de l’impact pour la société.
Le rôle des chercheurs et enseignants et de l’ESR public y est valorisé, avec une plus forte allocation de moyens et une plus grande confiance de la société envers les scientifiques. Les politiques Open data portent leurs fruits, favorisant les collaborations. L’Union européenne voit alors la concrétisation d’une « science sans frontière », l’enseignement suit le même mouvement avec des cours, majoritairement en anglais, et des diplômes européens.

Scénario 3 : « Les écosystèmes numériques territorialisés de l’ESR »

Il met en avant les composantes territoriales et le rôle des acteurs locaux. Ce maillage territorial s’articule à des réseaux inter-territoires dans lesquels la dimension européenne est forte. Les coopérations entre science et société sont fortes, avec une attention aux problèmes locaux, au traitement des inégalités face au numérique, ainsi qu’à la formation d’un esprit critique favorisant un usage plus raisonné du numérique. Sciences et recherches participatives sont fortement valorisées, avec des complémentarités entre démarche scientifique et savoirs d’expérience.

Scénario 4 : « L’ESR face à la frugalité numérique »,

Dans ce scénario, la tension sur les ressources (énergie, métaux rares…) et les risques psychosociaux induits par un usage non maîtrisé du numérique sont tels que l’ESR public doit s’organiser face à une raréfaction des ressources. La société s’organise pour développer un usage frugal du numérique, grâce à des régulations (taxe data-byte mise en œuvre au niveau européen) et au développement d’un usage raisonné du numérique, ce qui limite et réduit l’intensité des pratiques numériques.

Elle est bien acceptée par la société qui, protégée de la dépendance, organise la déconnexion. Les sciences de la donnée sont alors repensées pour être plus économes tandis que la modélisation, pour les mêmes raisons, est couplée à de l’expérimentation en laboratoire ou sur le terrain. L’enseignement supérieur est mutualisé, déconcentré et distribué : les nouveaux savoirs s’acquièrent confrontés aux réalités locales, sur le terrain et en laboratoire, en interaction avec d’autres acteurs. Les outils et contenus pédagogiques sont co-construits par les apprenants au sein de communautés d’apprentissage, en ligne et en présentiel.


 

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